lundi 21 avril 2008


Des femmes fuient dans les boyaux de roche, elles emportent avec elles des enfants.
De la plate-forme où l’eau affleure, elles sautent dans la barque et frôlent des parois où l’eau crépite à peine. Elles rament vers le large. Trois mouettes casquées défendent l’accès à l’archipel. Au loin, sur l’île la plus petite et la plus exposée au vent, une muraille se dresse. Il n’est plus l’heure de naviguer et pourtant la pale plonge dans le jus noir. Han. Han. Han !

Comment fais-tu, ma fille, ce même rêve que je faisais la nuit ?
Parce que tu m’as mordue, ma mère et que les chiens aboient.
Tais-toi, ma fille, cela ne se peut…
Mais si, ma mère... alors, dors maintenant, ma mère, tu peux dormir, maintenant.

On dit que la grand-mère, l'arrière, celle de l'avant d'avant, a couché dans son lit avec un long serpent. Et Adèle a ce rêve, comme un don, depuis l'avant d'avant.
Tout autour d’elle, les unes ont des bijoux, les autres des trésors, des terres et des maisons, elle, elle a juste ce rêve. Elle est sur un rocher et contemple la mer. Elle abrite ce rêve, un rêve d'avant l'avant, un rêve héréditaire, une tare, un don.
extrait d'Adèle les chemins, récit, M.Daumal
acrylique sur papier, 15x15

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