dimanche 1 février 2009

evelyne Cail chez Alain Paire


Exposition Evelyne CAIL
du 22 janvier au 5 mars 2009.
Galerie Alain Paire, 30 rue du Puits neuf. Aix-en-Provence
04 42 96 23 67

mailto:galerie-alain.paire@wanadoo.fr
http://www.galerie-alain-paire.com/


Quand les oiseaux s’absentent…

Cela devrait être un bruissement, d’ailes et d’eaux, le chuintement de l’écume aux marges de l’estran, le cri des fous, peut-être, s’ils viennent jusqu’ici, et, cependant, où les matières croisent le jusant, c’est le silence.
Comment savoir si ce sont les oiseaux d’Evelyne Cail que le visiteur qui pousse la porte de la Galerie Alain Paire regarde ? Ils sont là, certes, ils font signe, cols déployés qui brisent en oblique non pas les horizons de cobalt, de terres ou d’outremer, mais les multiples plans que l’œil, accompagné, traverse. Passeurs, les oiseaux. Car il ne suffit pas de dire « lumière », « reflet » ou « transparence » pour rendre compte des huiles et des pastels d’Evelyne Cail. Quelle langue faut-il parler qui ne soit à la fois mystère et lieu commun ? Pour que la lumière soit, comme une évidence, encore faut-il qu’elle touche sa limite, le seuil qui la retient et donne sa profondeur aux paysages étales. Aussi, les oiseaux, peut-être simples graphes griffés de bruns souples ou nerveux, accomplissent-ils ce que l’œil seul ne saurait voir sans se noyer. Et quand les oiseaux s’absentent, demeure une trouée.
Les huiles tendent vers un point d’équilibre, qu’on sent sans cesse déplacé, mais à cela s’ajoute quelque chose. Il ne devrait pas être indifférent au visiteur de percevoir les choix que la galerie a opérés dans son espace. Lorsque le visiteur se tourne vers les grandes huiles, sans doute adopte-t-il le point de vue des oiseaux qui conversent dans son dos. Alors, porté par ce langage où s’entrechoquent les becs, il lui est possible de prendre la mesure des plans mis en abyme. Tournoie-t-il lui aussi ? Toujours est-il qu’il serait vain de rechercher un point focal, même quand les eaux convergent.
Dans les grandes huiles, donc, « Clarté » vient au regard. Des pâtes qu’il serait trop simple de dire grises et solides s’étirent ou bourgeonnent à l’opposé de l’ombre. Des pâtes, oui, or ici tout est liquide et tout est décanté.
Décantation est donc le mot qui émerge, celui que le visiteur se risque à prononcer quand, tout au fond de la galerie, il découvre, comme un trésor de purs pigments que la vague déposerait à ses pieds, deux petits pastels au format horizontal très allongé. Retrouve-t-il pour recevoir enfin la simple splendeur des choses –l’écume, la mer et l’horizon- les yeux de son humaine condition ?

Muriel Daumal. 30 janvier 2009.



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