dimanche 28 mars 2010

installation 27 mars 2010





BUISSON



L’exubérance est devenue buisson.
Urbaine, elle serait modeste pariétaire à la jointure du bitume. Champêtre, cuscute sur les bruyères de la lande. Semblables l’une et l’autre dans leur commune résistance, je les regarde avec le même étonnement.
J’ai beaucoup contemplé l’abondance des feuillages et les lacis de la ramure. Sans relâche, me contraignant à ne pas lever la mine, j’ai crayonné de ma main sismographe les enchevêtrements que la myopie souvent me dérobait. Il y a longtemps, il y eut bien des aquarelles, des éblouissements, des frémissements, de la lumière par omission sous les bouleaux des bords de Marne. C’étaient des signes d’élégance mais pas un questionnement.

Parce que la nature me laisse sans espoir, l’exubérance est devenue buisson. Référence volontairement mutilée à Moïse qui voit le buisson flamber et point se consumer, moi, je vois ceux qui se consument et je n’entends aucun nom. Deus sive natura. A moi ni l’un ni l’autre ne parlent. Et si j’ai renoncé au papier et aux collages, si facilement séduisants, si j’ai choisi la toile, qui me résiste, c’est parce qu’elle ne me « répond » pas. Chaque coup de pinceau est la question que je pose, l’ordre que j’intime, moi qui devrais courber la tête : Réponds, réponds-moi donc !

Muriel Daumal.

samedi 20 mars 2010

"exubérance végétale"









Florilège d'éléments qui seront proposés lors de l'exposition.
Buisson. C'est sous ce titre que je détourne le thème de l'exposition. Référence tronquée, mutilée, au Buisson Ardent. Métaphore de la quête et du silence. Paradoxe du représentable et de l'invisible. Image de la solitude qui apostrophe.
A moi, Il ne parle pas.
Lianes. Ces petits formats sont une plongée dans le magma de la matière. J'y ai réintroduit la notion d'histoire. Après avoir découpé un très vieux livre sur la sexualité des plantes expliquée aux enfants, j'ai recomposé l'obscur travail de fécondation et de germination.

6x6, pastels à l'huile, acrylique et collages sur papier recyclé. Plusieurs séries de ces très petits formats sont présentés sur bandes (lianes) de tarlatane.


15x15, séries acrylique et pastels à l'huile sur bandes de tarlatane.





17x17, séries de pastels à l'huile, acrylique et collages sur papier recyclé, présentés sur bandes de tarlatane.





55x55. Buisson. Série de 15 huiles ou technique mixte sur toile.


exposition collective


mercredi 10 mars 2010

cuscute


Silence et prodigieuse indifférence de la nature. Principe. Croissance. Résistance. Obscures germinations.

dimanche 3 janvier 2010

arrière-pays et monnaie de singe

Perdue dans les Alpujarras, j'ai trouvé mon pays intérieur, fantasmatique Barbarie où l'ici et là-bas se confondent dans la mémoire et dans l'absence.
(Série d'une centaine de petits formats 6,5 x6,5, monotypes et techniques mixtes, montés en accordéon sur tarlatane et ... dispersés auprès des amis pour célébrer l'an dix.)

Et c'est à la lecture de Bonnefoy que je dois ce passage d'Adèle, les chemins... qui date de 1983.
(Gabriel a échoué dans un bar orné de fresques, la Sybille.)
"Il avait bâti en Espagne des itinéraires tracés par ses lectures, à Tolède, ou au Prado, il eut encore la certitude qu’un regard tourné vers un lieu absent du tableau comme on lit au-delà d’une image, comme par une ligne on préfigure l’infini, s’insinuait dans sa mémoire.
A la Sybille, la fresque s’effacerait avec le temps, déjà elle se perdait dans les taches verdâtres qui ajoutaient des perspectives aux lieux que son auteur avait choisis. Une fente s’était ouverte qui donnait l’illusion d’un paysage dont l’horizon courait juste à hauteur des hanches de la Sybille. Là-bas, une femme inconnue marchait vers une ville effondrée que Gabriel voyait en songe dans les cratères du salpêtre, et l’air chargé de sable vibrait pulvérulent sur les ruines décollées des collines. Gabriel avait le souvenir d’y avoir perdu le souffle. Il cherchait une femme vêtue de transparence et qui disparaissait à la limite des paysages. Il s’était demandé pourquoi l’errance conduit toujours aux lieux où l’on s’atteint soi-même d’extrême nostalgie, comme en un point fixé d’avance par des dieux jusque-là muets, qui se contentent de boire quand ils ont soif et d’être courroucés. Il était triste infiniment."
M.Daumal, Adèle les chemins.